Tandis que la production d’électricité en France se contracte, la Première Ministre Elisabeth Borne a annoncé que notre pays pourrait être en situation de pénurie en électricité cet automne et cet hiver. Pourquoi en est-on arrivé là ? Et quels sont les moyens pour éviter la pénurie ? Mon Kit Solaire vous donne quelques clés pour mieux comprendre la situation.
Pourquoi parle-t-on de pénurie d’électricité ?
Une conjonction d’éléments explique aujourd’hui pourquoi l’Europe est menacée de manquer d’électricité. De nombreux observateurs et experts alertent en effet sur le risque que la production européenne d’électricité ne soit pas suffisante pour couvrir les besoins de la population, dès cet automne.
Ces raisons sont au nombre de trois.
D’abord, la situation géopolitique en Ukraine a tendu la fourniture de gaz : en réponse aux sanctions économiques décidées par l’Union Européenne, la Russie a en effet réduit/suspendu ses exportations de gaz en direction des pays européens. En conséquence, le prix du gaz a explosé. Or, une partie du courant de grands pays, tels que l’Allemagne, est produite à partir du gaz. Pour compenser ce déficit, ces pays vont se tourner vers leurs voisins. L’Union Européenne prévoit en effet un dispositif de redistribution de l’électricité entre ses pays membres. Mais la France ne pourra peut-être pas produire suffisamment d’électricité pour couvrir ses besoins domestiques et répondre par ailleurs à la demande des pays voisins.
Ce qui nous amène à la deuxième raison pouvant expliquer cette situation de pénurie. L’électricité française est principalement issue de son parc nucléaire. Toutefois, ce dernier est vieillissant et de nombreuses centrales nucléaires (près de la moitié) sont aujourd’hui à l’arrêt, pour cause de révision ou de réparation. Ce qui grève, de fait, la production d’électricité sur le territoire métropolitain. D’autant que la France est en retard sur la production électrique renouvelable.
Enfin, la sécheresse connue en Europe cet été a aussi eu un effet néfaste sur la production d’hydroélectricité en Norvège. Le premier exportateur d’électricité en Europe possède en effet 1700 centrales hydro-électriques. Mais les barrages qui les alimentent se sont peu à peu asséchés du fait des températures exceptionnellement élevées de cet été. Un déficit de production est donc également à prévoir en Norvège, ce qui a une incidence sur l’approvisionnement en énergie de toute l’Europe.
La France sera-t-elle touchée par une pénurie en électricité ?
Alors qu’elle était jusque-là un des plus gros pays exportateurs d’électricité en Europe, la France a importé de l’électricité cette année.
Pour expliquer cet inversement de tendance, il faut remonter à 2021. En décembre, un contrôle de routine à révélé un problème de corrosion dans une centrale nucléaire de la Vienne. Le même problème a été repéré dans plusieurs centrales, entraînant l’arrêt de 12 réacteurs. Il faut ajouter à cela le nombre record de réacteurs en maintenance, portant à 27 sur 56 le nombre de réacteurs hors fonction.
De plus, avec la sécheresse de cet été, les cours d’eau utilisés pour refroidir les réacteurs sont montés en température. Certaines unités ont été dans l’obligation de restreindre leur production.
En conséquence, la capacité de production journalière d’électricité des centrales nucléaires est d’environ 27 gigawatts (GW), ce qui porterait la production à 280 à 300 TWH sur l’ensemble de l’année 2022.
Il faut savoir qu’au cours des années précédentes, la France produisait environ 400 TWH d’électricité nucléaire. Elle dégageait une capacité d’exportation l’été mais elle avait tout de même besoin d’importer de l’énergie l’hiver. Avec la baisse de la production, la France devra donc importer encore plus d’électricité alors que ces partenaires habituels (Belgique, Allemagne) seront eux aussi dans une situation tendue.
Ainsi, si le froid s’installe durablement en Europe cet hiver, que le vent souffle peu en mer du Nord et qu’EDF ne remonte pas sa production d’électricité nucléaire, une pénurie pourrait se faire sentir.
Peut-il y avoir un risque de black-out cet hiver en France ?
Un black-out est une panne de courant généralisée. La dernière remonte au 19 décembre 1978. Pour éviter que cet incident grave du réseau électrique ne se reproduise, le RTE (le réseau de distribution électrique) a mis sur pied divers plans de délestage, c’est-à-dire de coupures de courant préventives, ciblées et très temporaires.
Quels moyens pour éviter une situation de black-out électrique ?
Plusieurs moyens peuvent permettrent de soulager le réseau en cas de demande supérieure à la capacité de fourniture d’électricité, dont la plus connue est le délestage.
Il s’agit d’anticiper des coupures d’électricité temporaires sur des zones localisées et tournantes. En clair, RTE pourrait couper l’électricité de 200.000 foyers durant deux heures maximum à tour de rôle, ainsi que stopper l’approvisionnement de certaines entreprises. Les entreprises les plus gourmandes en énergie seraient les plus ciblées dans un premier temps.
Quels sont les évolutions du prix d’électricité que la France a connu ?
Les prix de gros de l’électricité en France ont connu de très importantes variations en l’espace d’un an : plus de 1 000€ par mWh en août 2022 contre 70€ l’an dernier !
Quelles habitudes mettre en place pour réduire sa consommation en électricité ?
Pour éviter le back-out et/ou le recours au délestage, les Français, qu’ils soient particuliers ou professionnels, ont un rôle à jouer.
Certains comportements du quotidien pourraient permettre de réduire la consommation globale du pays et ainsi soulager le réseau, tels que préconisé par l’ADEME :
- Avoir recours plus massivement au télétravail ;
- Baisser la température du chauffage d’1°C (autour de 20℃ dans les pièces à vivre, 17℃ dans les chambres) et mettre ses radiateurs en mode hors gel lors d’une absence prolongée ;
- Installer une régulation et une programmation du chauffage ;
- Éteindre les appareils plutôt que les laisser en veille ;
- Privilégier les lampes LED pour l’éclairage de votre maison ;
- Éteindre les lumières inutiles ;
- Choisir de préférence les programmes “éco” de votre machine à laver et de votre lave-vaisselle ; ne les utiliser que lorsqu’ils sont pleins ;
- Privilégier le séchage du linge à l’air plutôt qu’utiliser un sèche-linge ;
- Cuisiner en couvrant les casseroles ;
- Choisir des écrans TV de taille raisonnable ;
- Débrancher les appareils électriques non utilisés (TV, box, console de jeux, ordinateur) ;
- Scruter les étiquettes énergétiques ;
- Économiser l’eau chaude ;
- Programmer la température de votre ballon d’eau chaude entre 50 ℃ et 55 ℃, entourer le ballon d’eau chaude et ses tuyaux avec un isolant ;
- Bloquer les courants d’air froid : fermer les volets la nuit (et même le jour en cas de grand froid si l’habitant n’est pas présent), installer des rideaux épais aux fenêtres ou séparant les pièces chauffées des lieux non chauffés ;
- Renforcer l’isolation de sa maison ;
- Reporter certaines actions dans le temps (la nuit plutôt que le jour) et profiter au passage des heures creuses pour mettre sa machine à laver ou son lave-vaisselle en marche.
En outre, vous pouvez opter pour l’autoconsommation électrique. Les panneaux photovoltaïques en toiture en autoconsommation vous permettent de produire votre propre électricité. Grâce à cela, votre demande en électricité au niveau du réseau EDF baisse et vous contribuez à soulager le réseau.
Autre avantage : si un délestage intervient, vous ne serez pas sans électricité ! Pensez donc à vous munir de batteries !
Conclusion
Même s’il n’est pas certain, le risque de pénurie d’électricité, et par conséquent de délestage, est tout de même probable, compte-tenu de la guerre en Ukraine, de la baisse de la production nucléaire en France et hydroélectrique en Norvège.
Une prise de conscience collective peut aider à soulager le réseau, notamment vis-à-vis des énergies renouvelables. Car développer le recours des particuliers à l’énergie solaire en toiture en autoconsommation pourrait permettre de réduire la demande globale d’électricité et réduire les risques de pénurie.
Questions fréquentes sur la pénurie d’électricité en France
RTE a-t-elle d’autres moyens que le délestage pour éviter le black-out ?
Oui, il existe deux autres moyens pour réduire les tensions sur le réseau. D’abord, ce que l’on appelle le mécanisme d’interruptibilité, qui prévoit, sur la base du volontariat et moyennant une compensation financière, de couper le courant aux industries les plus consommatrices d’électricité. Ensuite, la RTE peut brièvement baisser la tension sur le réseau électrique pour réduire la pression sur le réseau.
Qui est le plus concerné par le délestage ?
Les particuliers et les entreprises vivant en zones rurales sont plus susceptibles de connaître des épisodes de délestage. En effet, certains sites, tels que les hôpitaux, les centres de gestion des appels d’urgence ou encore des services auxiliaires des postes de haute tension qui acheminent l’électricité sont alimentés en priorité et se situent généralement en ville.
Peut-on prévoir un délestage ?
Oui, il s’agit d’un acte planifié. Le RTE prévient donc, via les média, les délestages à venir.
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